Préhistoire & Art
Quand on imagine la vie bien avant notre ère
Deux archéologues, un auteur de BD et une cinéaste se sont réunis au Collège Arnaut Daniel à Ribérac pendant 3 jours (du 24 au 27 mars 2015) pour partager leur passion avec des jeunes français et leurs homologues allemands venant de Rietberg.
Grace aux explications de Laurence Bourguignon, beaucoup réussissent à tailler dans le silex en effectuant avec précision le geste semblable à celui des hommes et des femmes du Paléolithique.
Pascal Rouzo expose une panoplie d'objets qu'il a lui-même réalisés à la main, en utilisant les mêmes techniques que nos lointains ancêtres, tels que pointes, propulseurs, flèches, bijoux, aiguilles de couture, hameçons…
Saviez-vous que les anciens fabriquaient de la colle à base de résine de sapin, cire d'abeille et d'ocre? Et parfois ils utilisaient du poisson !
Si jamais vous partez en aventure de survie, mieux vaut vous faire accompagner par un-e archéologue
L'étude des crânes permet au dessinateur Emmanuel Roudier d'imaginer les visages des hommes et des femmes de l'espèce Neandertal. Ils sont allongés, sans menton, avec toujours une arcade sourcilière protubérante. Selon l'auteur de la bande dessinée Vo’hounâ, Neandertal ressemble beaucoup à nous, Homo Sapiens. Si des Neandertals marchaient dans la rue habillés comme les humains modernes, nous ne les remarquerions probablement pas.
Dans 10, 20 ou 50 ans, une grande partie de ce que nous savons sur Neandertal aujourd'hui sera probablement remise en cause.
Les dessinateurs du futur disposeront de données scientifiques rectifiées, ou peut-être complètement différentes. A leur tour ils ou elles dessineront les visages et les corps des Neandertals, et ces dessins d'Emmanuel Roudier seront considérés anciens ou inexactes. Il n'y a pas de quoi être triste, les sciences avancent de cette manière là. Rendez-vous en 2065?
Le documentaire réalisé par Constance Ryder, Monique Peytral : peindre Lascaux, peindre la vie, clôt la journée de mardi. Du coup, tout ce que les enfants ont vu pendant les ateliers -- les coups de galet contre le silex pour tenter de faire une biface, les objets du quotidien, entièrement fabriqués à la manière des Paléolithiques, les dessins -- toutes ces choses convergent et donnent du sens à l'histoire de Monique Peytral. Car Monique, qui est engagée en 1971 pour peindre un "fac-similé" de Lascaux, ne sait pas qu'elle va dépasser ce rôle de peintre. Plus qu'une artiste, elle sera aussi femme de Science et de rigueur, adoptant les mêmes gestes et utilisant les mêmes outils que les peintres de Lascaux. Pour arriver à reproduire ces gestes, elle va se glisser dans la peau d'une artiste Paléolithique, et elle ne la quittera plus pendant une décennie. Aujourd'hui encore, Lascaux représente pour Monique Peytral une grande leçon d'art.
Au cinéma, "Monique Peytral: peindre Lascaux, peindre la vie"
Une semaine dans le Nord
Decémbre 2014 - Une semaine dans le Nord pour Peytral
Monique Peytral a été invitée à faire une conférence sur Lascaux, d'abord à l'Université de Lille 1, ensuite dans différents collèges et écoles à Lille et à Cambrai*.
Patricia Lefebvre-Legry**, organisatrice de ce cycle d'études et de rencontres est plus que satisfaite. La qualité des échanges entre l'artiste et le public est pour elle une signe claire: l'Art est une nécessité. Il réveille la curiosité, donne envie de savoir, et nous emmène vers la Science.
En même temps que les conférences, le public a pu apprécier une exposition de peintures de Monique Peytral aux thème scientifiques.
Last but not least, le documentaire Peindre Lascaux, peindre la vie a accompagné tous ces événements, permettant au public de mieux appréhender cet univers féerique si cher à Monique Peytral.
* avec le soutien du CNRS, Université de Lille 1, le département du Nord, Nano-école (Lille), Académie de Lille...
**ingénieure d'études en nano-technologies, l'Université de Lille 1,
Patricia Lefebre-Legry et Monique Peytral, Gare du Nord, décembre 2014
Peindre avec Peytral
Depuis le début de l'année Monique Peytral, 87 ans, se rend toutes les semaines à la maison de retraite Saint-Antoine, près de chez elle.
Non, elle n'y s'inscrit pas comme pensionnaire. Elle y travaille.
Chaque jeudi les pensionnaires s'impatientent de la voir arriver. Ils et elles ont hâte de reprendre leurs pinceaux.
De son côté, Monique est émerveillée. "Ils ont la même âge que moi !" dit-elle, étonnée. "Certains sont même plus jeunes que moi, et ils me demandent comment je fais pour être en forme."
- posté le 9 octobre 2014
Lisez l'article ici dans Sud Ouest.
Painting with Peytral
For the last 8 months Monique Peytral, 87, has been making weekly visits to the nearby Saint Antoine nursing home.
No, she doesn't go there to sign up as a future resident. She goes there to work.
Every Thursday the aged residents watch the clock impatiently. They can't wait for the art lesson with Peytral -- the woman who painted the Lascaux replica -- to begin.
As for Monique, she is simply enthralled. "They're the same age as me", she says with amazement. "Some are younger than me, and they can't understand why I'm in such good shape."
posted october 9, 2014
Click here for an article in French
Lascaux, Life Magazine 1947
Ralph and Ruth Morse were astounded by the Lascaux paintings in 1947
Below is a link to a lovely article showing color photographs of Lascaux taken in 1947 by Ralph and Ruth Morse for Life Magazine.
Etre les premiers photographes professionnels à prendre des clichés en couleur dans la grotte de Lascaux - un rêve ! C'est ce qu'ont fait Ralph Morse et son épouse, Ruth, quelques années après la guerre, alors que le bureau de Life Magazine venait de réouvrir et il manquait de tout en France. Un projet pas très chic, car l'entrée de Lascaux était rudimentaire. Le couple a dû glisser dans la grotte sur les fesses.
Dans cet article cette histoire est racontée en anglais, et vous pouvez voir quelques très belles photos des peintures de Lascaux, de l'entrée de la grotte, et du couple de photographes.
Pourquoi faire une copie de Lascaux?
Toutes les grottes ornées ne sont pas fermées au public. C'est le cas par exemple de la grotte de Pech Merle, que tout le monde peut aller voir, en réservant sa place.
Lascaux est différente.
Dès sa découverte en 1940, les découvreurs de Lascaux deviennent les gardiens et les guides. Ils élargissent l'entrée et font visiter la grotte à des milliers de personnes. Ils surveillent les lieux, mais ils ne sont peut-être pas assez stricts. Surtout, à cette époque personne n'imagine que la fréquentation humaine peut fragiliser les œuvres.
Après la guerre le propriétaire de la grotte procède à des emménagements permettant de recevoir plus de monde. On estime qu'environ un million de visiteurs passent devant les fresques de Lascaux entre 1948 et 1963, date de sa fermeture.
La plupart des gens sont probablement respectueux des lieux. Mais les autres laissent du graffiti, du chewing gum, des mégots... Multipliez ça par un grand nombre et vous comprendrez que c'est très dommage !
Il faut se représenter que les deux salles les plus visitées de la grotte de Lascaux (la Salle des Taureaux et le Diverticule Axial) occupent une petite surface, et qu'elles avait été protégées hermétiquement pendant 17 mille ans. L'exposition, tout d'un coup, à des grandes quantités de CO2, exhalé par des milliers de personnes, bouleverse tout.
Pour mieux comprendre, il faudrait lire un article plus détaillé. Par exemple ici. http://www.culture.gouv.fr/culture/dp/archeo/pdf/lascaux_pallot.pdf
En résumé, l'équilibre bioclimatique de la grotte de Lascaux se trouve profondément modifié par l'activité humaine, au point que des algues vertes apparaissent un peu par tout, la calcite se modifie, et donc les peintures sont menacées.
La décision est prise en 1963 de fermer la grotte au public. Il s'en suit que le public n'est pas du tout content.
Faire une copie... faire une copie ! Oui !
C'est l'idée qui vient à l'esprit pour satisfaire tous ces gens qui veulent absolument voir Lascaux. Bien entendu, les décideurs pensent aussi bénéficier de la manne touristique de cette entreprise...
C'est dans ce contexte que Monique Peytral, Bernard Augst et Pierre Weber sont contactés pour réaliser Lascaux II.